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Les déclarations du PDG du groupe Ennahar Anis Rahmani lors de son procès

Les déclarations du PDG du groupe Ennahar Anis Rahmani lors de son procès

Ce lundi matin, le journaliste Mohamed Mokkadem, connu sur la scène médiatique sous le pseudonyme de Anis Rahmani, a comparu devant le Pôle pénal, économique et financier dans le cadre de l’affaire relative à l’administration et la gestion de ses sociétés.

Dès le début de l’audience, le journaliste a réfuté, une fois de plus, les sept chefs d’accusation retenus contre lui. Il a affirmé, dans ce sens, que le dossier à sa charge est basé uniquement sur des « informations » et des « supputations » qui ne constituent pas des preuves.

Face au magistrat, Anis Rahmani a plaidé son innocence et présenté les pièces justificatives le disculpant de toutes les accusations. C’est d’ailleurs la première affaire dans laquelle il est poursuivi depuis son arrestation, le 14 février 2020. L’instruction du dossier, quant à elle, a duré 28 mois. Voici les principaux extraits de ses déclarations.

« Le 14 février 2020, j’ai été placé en détention provisoire sur la base d’une ‘source fiable’ sur laquelle les éléments de la police judiciaire se sont appuyés pour m’adresser sept chefs d’accusation dont le chantage pour l’obtention de biens immobiliers et prêts bancaires ainsi que l’exercice d’influence ».

« Après huit mois d’investigations approfondies, le juge d’instruction a émis trois ordonnances chargeant la même police judiciaire de présenter des preuves confirmant les conclusions de leurs investigations figurant dans le procès-verbal de l’enquête préliminaire.

Après 28 mois, l’enquête est bouclée sans qu’un seul élément confirmant les allégations de la ‘source fiable’ ne soit présenté. Monsieur le juge, je souhaiterais exprimer mes remerciements, ma gratitude et mon respect aux cinq juges d’instruction ayant adressé les ordonnances à la même police judiciaire qui m’a accusé de pratiques réprimandées par la loi. Il s’avère que ces accusations sont sans fondement.

Je remercie également les éléments et les officiers de la police judiciaire de leur probité notamment en ce qui concerne l’exécution et le suivi des ordonnances du juge d’instruction. Laquelle probité a permis à ce dernier de bien saisir le dossier.

A cet égard, je voudrais, très succinctement, répondre à l’ensemble des chefs d’accusation que je réfute depuis le premier jour. En réalité, ce sont des informations et des conclusions dénuées de tout fondement ».

« Je suis journaliste professionnel depuis 30 ans. J’ai commencé ma carrière professionnelle en tant que reporter pour de grands journaux et magazines internationaux. J’ai toujours exercé dans un cadre légal. Quant à mes ressources (financières) à l’étranger, elles avaient été constituées avant la promulgation des lois réglementant les changes et les mouvements des capitaux depuis et vers l’étranger.

Je ne cherchais pas tant à disposer de ressources financières à l’étranger mais plutôt à défendre l’image de l’Algérie ternie sciemment par les groupes terroristes qui égorgeaient les Algériens.

La constitution de mes actifs financiers à l’étranger ne m’avait pas fait oublier ce que je devais à l’État (algérien). Je payais des impôts en Algérie pour chaque dollar gagné à l’étranger grâce à mon activité médiatique. D’ailleurs, je suis l’un des rares qui paient leurs impôts en Algérie et déclarent leurs ressources financières à l’étranger ».

Pour ce qui est de la société Ennahar TV, j’ai créé, en effet, des sociétés à l’étranger pour garantir l’obtention de fonds et le paiement des droits de diffusion dans un cadre légal. C’est ce que toutes les chaînes privées en Algérie ont fait pour obtenir l’agrément et payer les droits de diffusion par satellite.

Du reste, j’avais déclaré la création de l’entreprise à l’étranger aux autorités compétentes en 2012 pour pouvoir obtenir l’accréditation de la chaîne en Algérie conformément au décret exécutif 04-211 modifié par le décret 14-152 fixant les modalités d’accréditation des journalistes professionnels exerçant pour le compte d’un organe de droit étranger ».

« Concernant mon patrimoine financier, c’est le résultat des salaires et bénéfices engrangés grâce à mes entreprises. Ce patrimoine a évolué en fonction de leur développement.

Je tiens à préciser, dans ce cadre, que tous mes salaires et bénéfices perçus grâce à l’activité des entreprises sont déclarés à l’administration des impôts mais aussi à la sécurité sociale.

Ces bénéfices ont été contrôlés et audités par des commissaires aux comptes. D’ailleurs, ils ont de tout temps figuré dans les comptes sociaux des entreprises déposés auprès des services du registre du commerce.

Ces bénéfices sont annoncés et publiés au Bulletin officiel des annonces légales (BOAL) du registre du commerce. Par conséquent, ils ne sont ni dissimulés, ni tenus secrets.

Par ailleurs, tous les biens immobiliers que j’ai acquis, que ce soit à mon nom ou au nom des sociétés, ont fait l’objet d’une enquête, que ce soit de la justice ou de la police judiciaire. Toutes les acquisitions sont légales, légitimes et autorisées par l’administration fiscale. Elles ont été réglées avec mon propre argent par l’intermédiaire de la banque ».

« Concernant le trafic d’influence, il est vrai que l’on parle de cela sur Facebook. D’ailleurs, je ne comprends pas comment un journaliste pourrait être accusé d’influence sur l’administration, encore moins sur les cercles du pouvoir. Car, j’ai été accusé, en effet, de trafic d’influence et de chantage sur de hauts responsables de l’État.

Dieu merci, après 28 mois d’enquête, rien de tel n’a été établi. Je n’ai influencé personne, même pas un simple fonctionnaire d’une commune. Les accusations, sur la base desquelles j’ai été placé en détention provisoire, ont été invalidées par l’enquête judiciaire.

De même, il n’y a eu aucun témoin ou suspect qui a attesté avoir été influencé par moi. Au total, vingt-trois témoins ont été entendus dans le cadre de ce dossier. Pas un seul a déclaré avoir été victime de chantage ou d’influence de ma part ».

« Pendant 28 mois, les juges d’instruction, qui ont hérité de ce dossier, ont passé au peigne fin mon patrimoine personnel, celui des sociétés et des membres de ma famille. Tout est légal et légitime.

Début 2022, toutes les administrations publiques, des impôts et autres ont été contactées pour mettre la lumière sur les supposés ‘fonds illégaux’. Il leur a été demandé si mes partenaires ou moi-même avions obtenu des exonérations fiscales. Le résultat est sans équivoque : je n’ai demandé aucune exonération ou réduction, même si la loi me donne le droit de les obtenir, à l’instar des exonérations ou des avantages de l’ANDI.

Je n’ai rien demandé de tel parce que je n’ai besoin d’aucun avantage fiscal, même si c’était permis par la loi. Je ne les ai pas demandés et obtenus ».

 « Concernant la relation avec l’ancien wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, je ne le connais pas, il ne me connaît pas et je n’ai aucune relation directe ou indirecte avec lui. J’entendais parler de lui en tant que personnage public. Cela dit, je n’ai eu aucun rapport avec lui.

Au contraire, il avait fait l’objet de critiques sur Ennahar dans le cadre d’un travail journalistique professionnel ».

« Concernant la compensation avec Cima Motors, je voudrais clarifier ceci : contrairement à ce qui est mentionné dans le procès-verbal de la police judiciaire et l’ordonnance de renvoi, l’accord avait été conclu avec Rachid Tahkout et non Mahieddine Tahkout.

Je voudrais également préciser que le contrat relatif à la compensation avait été signé au profit des trois entreprises formant le groupe Ennahar, à savoir Ennahar, El Athir et Satcom. Chacune des trois filiales possède un média : Ennahar détient la chaîne de télévision, El Athir détient un journal et Ennahar Online (site d’information) et Satcom détient le site électronique du journal Echibek.

Concrètement, l’article 2 de ladite compensation stipule que Cima Motors diffuse sa publicité sur les trois plateformes. En contrepartie, elles bénéficient de véhicules en fonction des besoins exprimés. C’est la raison pour laquelle les véhicules ont été livrés au nom de Satcom conformément à l’article 3 de la compensation.

Le véritable créancier n’est donc pas la société Ennahar comme indiqué dans l’ordonnance de renvoi car la dette consommée à titre publicitaire n’excède pas 10 %. Par conséquent, le véritable créancier ne peut être connu qu’après consommation de la majorité de la part de publicité de Cima Motors, sachant que la compensation s’est arrêtée à la suite de la mise en détention du gérant de Cima Motors, Rachid Tahkout, en juin 2019.

Pour ce qui est de l’immatriculation des véhicules au nom de Satcom, c’est une opération ordinaire. Après la dissolution de cette société, toutes ses propriétés ont été transférées à la maison mère, en l’occurrence El Athir Presse.

A titre d’information, le transfert a été effectué conformément à la loi par un liquidateur judiciaire, après ma mise sous mandat de dépôt ».

« Concernant le chef d’accusation de blanchiment d’argent, je voudrais préciser que mes ressources financières à l’intérieur du pays sont constituées de mes salaires et bénéfices engrangés grâce à l’activité de ces entreprises. Il s’agit de bénéfices annoncés et publiés au Bulletin officiel des annonces légales (BOAL) qui est accessible au grand public.

En outre, mes revenus sont déclarés à l’administration fiscale, tant au titre des salaires qu’au titre des bénéfices perçus dans le cadre de l’activité des entreprises. Tous ces gains sont soumis à un contrôle minutieux des commissaires aux comptes.

S’agissant de mes ressources à l’étranger, elles sont constituées depuis 1993 lorsque j’avais entamé ma carrière en tant que reporter pour des journaux, des magazines, des radios et des chaînes de télévision internationaux de renom. Je cite : Almustakillah, Al Hayat (Liban), Al-Mujtamaa et la chaîne LBC (Lebanese Broadcasting Corporation)…

Cette activité s’effectuait d’une façon continue grâce aux accréditations émises à l’époque par le ministère des Affaires étrangères avant que cette prérogative ne soit du ressort du ministère de la Communication à partir de l’année 1999.

Pour rappel, je suis détenteur de la carte de journaliste professionnel éditée en 1993 par le Conseil supérieur de l’information. De même, je m’acquitte de l’imposition sur mes revenus perçus à l’étranger en Algérie depuis 2012.

Pour l’histoire, j’avais demandé aux autorités compétentes françaises de me faire bénéficier des dispositions de la convention signées entre l’Algérie et la France en vue d’éviter la double fiscalisation. Un document m’avait remis.

Aussitôt, je l’avais déposé au niveau de la direction des conventions fiscales internationales de l’administration des impôts en Algérie. Un compte m’a été ouvert pour que je puisse m’acquitter de mes impositions. Le tout est soumis à un double contrôle en Algérie et en France.

Rien qu’entre 2012 et 2019, je me suis acquitté de la somme de 300 000 euros sans compter ce que j’avais payé entre 1993 et 2011.

Tous les biens et les comptes bancaires ont été déclarés à la police judiciaire. Je n’ai rien caché à la justice car tous mes biens sont légitimes, légaux et déclarés devant les administrations ».

« Concernant la création d’entreprises à l’étranger, toutes les chaînes privées ont suivi cette procédure et pas uniquement Ennahar TV. C’est le décret exécutif 14-152 qui l’impose afin que ces mêmes chaînes puissent obtenir des accréditations en Algérie.

Bien sûr, pour payer les droits de diffusion par satellite à l’étranger, ces entreprises doivent disposer de ressources financières légales à l’étranger. Elles doivent également être détentrices d’un compte bancaire pour payer les droits de diffusion par satellite. C’est le cas pour toutes les chaînes privées en Algérie ».

« Concernant les prêts bancaires qui m’ont été octroyés : contrairement à ce qu’indique le procès-verbal de la police judiciaire, je n’ai bénéficié que d’un seul prêt personnel en 2010 pour l’acquisition d’un appartement à Ouled Fayet (banlieue ouest d’Alger).

Pareil, les sociétés du groupe ont bénéficié d’un seul prêt après le Hirak et non avant comme mentionné dans le procès-verbal de la police judiciaire. A ce titre, les deux prêts ont des hypothèques et des garanties à hauteur de 150% pour le prêt entreprise et 200% pour le prêt personnel

Par ailleurs, je n’ai bénéficié d’aucun autre prêt comme le supposé prêt de la BEA (Banque extérieur d’Algérie). Il n’existe tout simplement pas et l’enquête l’a confirmé.

Je ne recourais aux crédits bancaires que dans des cas exceptionnels, ce qui explique le seul crédit pour les sociétés à hauteur de 25 milliards pour la réalisation d’un gigantesque studio ».

« Concernant l’obtention d’un terrain pour la réalisation dudit studio. Cela s’est fait en 2017 avec les services de la wilaya d’Alger. Ce n’était pas moi qui avais rédigé les demandes, ni j’avais fait le suivi de ce dossier. Ma mission consistait à gérer la société Ennahar.

Je ne connais pas Abdelkader Zoukh. Je n’avais aucun lien avec lui, ni avec les membres de la commission d’investissement, encore moins avec les cadres de la wilaya.

La demande était appuyée par un dossier technique qui met en exergue l’importance de ce projet à l’échelle maghrébine. Et pour cause, les chaînes privées (algériennes) étaient dans l’obligation de recourir au tournage en Tunisie. Bien que nous soyons dans un pays continent, il n’existe pas un seul studio adapté au tournage télévisé.

Enfin, ce foncier a été demandé car il est adjacent à Ennahar. S’il appartenait au secteur privé, nous l’aurions acheté. Pour information, cette parcelle n’est pas notre propriété. Nous l’avons loué à l’État pour construire une ‘ville médiatique’. Cette dernière est réalisée à 80% grâce aux trois bâtiments, acquis auprès de propriétaires privés, qui emploient 800 journalistes et techniciens travaillant pour le groupe Ennahar.

Cet investissement d’envergure a fait l’objet d’arguments fallacieux de la part de certains témoins comme le représentant de la direction de l’Industrie qui a caché des documents importants au juge d’instruction, tels que la demande d’obtention du foncier déposée en novembre 2017 ainsi que le dossier technique et l’étude globale du projet.

Il s’agit de documents dont l’importance est capitale. Nous vous les remettons aujourd’hui pour que le caractère stratégique de cet investissement devienne clair ».

« Concernant le chèque de cinq millions de dinars encaissé sur mon compte d’Al Baraka Bank, et qui a suscité l’interrogation. Il avait été remis par la direction financière et comptable de l’entreprise de transport Tahkout à la personne chargée de l’encaissement du groupe Ennahar, puis viré sur mon propre compte à mon insu.

Il s’est avéré, il y a quelques semaines, qu’il s’agissait d’une avance financière sur des factures émises par la société Ennahar à Mahieddine Tahkout pour une publicité diffusée en mai et juin 2014. Pour information, toutes les entreprises Tahkout sont des personnes physiques et non morales. C’est la raison pour laquelle les chèques sont émis en son propre nom. Il a été soumis à la justice ce qui prouve la véracité de mes propos.

Je n’ai appris l’existence de ce chèque qu’en décembre 2020. Quand j’ai été interrogé à ce sujet par la juge d’instruction, la première fois en décembre 2021 et la deuxième fois en janvier 2022. J’ai répondu que je ne connaissais pas ‘l’occasion’ de ce chèque.

Après sa mention dans l’ordonnance de renvoi il y a deux semaines, j’ai demandé l’ouverture d’une enquête sur les transactions commerciales avec Tahkout. Il s’est avéré que c’est une personne physique qui avait diffusé une publicité sur Ennahar TV en mai et juin 2014.

Il s’est avéré également que le chèque avait été établi un mois avant la diffusion par ses services financiers en mon nom personnel, compte tenu que Ennahar est une chaîne étrangère que je représente en Algérie en tant que personne physique.

L’erreur s’est produite sur cette base. Cependant, la banque aurait dû rejeter le chèque et ne pas l’encaisser avant la présentation des justificatifs. Elle n’a pas fait ce qui lui incombe et ce n’est pas la seule erreur qu’elle a commise.

Une autre plus grave a été commise. J’avais versé la somme de 300 millions de centimes sur mon compte bancaire qui avait été transférée par erreur sur le compte d’une société pharmaceutique privée. Sans l’enquête judiciaire, je n’aurais jamais récupéré cette somme.

Un arrangement à l’amiable entre la banque et le directeur de cette société a permis la restitution de la somme. Mais je n’ai eu connaissance de ces faits, survenus en janvier 2018, qu’après l’audition en décembre 2020 du gérant de cette société par le juge d’instruction.

D’ailleurs, au jour d’aujourd’hui, la banque ne m’a pas informé de cette erreur et ne s’est pas excusée. Par conséquent, le fait que j’ignorais ce chèque de 5 millions de dinars est également à cause de la banque, qui n’a pas communiqué et ne s’est pas renseignée sur ce dernier, sachant que le dépôt avait été effectué par l’ancien comptable qui a quitté le groupe en 2015.

Aussi, il convient de noter que ce montant n’a pas été retiré de ce compte ».

« Concernant l’acquisition d’un appartement en France en 2015. L’opération avait commencé en 2012 en raison de mon désir d’éviter de séjourner dans des hôtels et de l’augmentation de mes déplacements ainsi que mon activité en France.

J’ai utilisé mes ressources financières obtenues (à l’étranger) dans le processus d’acquisition, sachant que je suis détenteur d’un titre de séjour à l’étranger lié aux activités des entreprises. Il s’agit donc d’une acquisition réalisée légalement car les fonds sont déclarés à l’administration des impôts et n’ont rien à voir avec mon activité en Algérie ».

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