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Sétif: appels à approfondir les recherches sur les massacres du 8 mai 45

Sétif: appels à approfondir les recherches sur les massacres du 8 mai 45

La wilaya de Sétif, avec ses 60 communes, ses villages et ses douars, se remémore encore le mardi noir du 8 mai 1945, sur fond d’appels à intensifier les études et les recherches sur ces événements sanglants et leurs conséquences, et à fournir une documentation et une vision claire sur ces faits aux générations futures.

Les documents historiques et les quelques témoignages vivants recueillis par le Musée du moudjahid de Sétif indiquent que certains parmi ceux ayant vécu ces événements sanglants ont souligné que “les assassinats de masse qui ont eu lieu au centre-ville de Sétif, durant ce mardi noir, se sont poursuivis sur plusieurs semaines et se sont propagés à d’autres régions à l’instar d’El Mouane, El Ouricia, El Kharba, El Behira, Ain Abbessa et autres”.

Le moudjahid Khaled Hafadh a indiqué, dans une déclaration à l’APS, à la veille de la commémoration du 77e anniversaire de ces événements sanglants, que “la souffrance endurée par les citoyens lors de ces terribles massacres ont fait de la région de Sétif un charnier inimaginable”, soulignant que “l’image de son père, arrêté par les soldats français à cette époque, n’a jamais quitté son esprit”.

L’intervenant, qui n’avait pas plus de six ans à l’époque, estime que “les massacres du 8 mai 1945 n’ont pas encore pris leur juste place dans les recherches, les études et la documentation”, ce qui nécessite, a-t-il appuyé, “d’intensifier les efforts au niveau local et national afin de faire la lumière sur ces événements et sur les réactions face à ces tragiques évènements”.

“La mission principale des acteurs du domaine aujourd’hui est de consolider l’écriture de l’histoire des massacres du 8 mai 1945 pour les générations montantes pour préserver la mémoire collective”, a affirmé le moudjahid qui se rappelle à chaque fois ces scènes au cours desquelles Sétif s’était transformée, lors de ces événements, en ruisseaux de sang.

A l’occasion, le moudjahid Khaled Hafadh a appelé à faire du lieu de départ de la marche du 8 mai 1945, plus précisément devant la mosquée Abou Dhar Al Ghifari, dans le quartier Langar, un musée pour faire connaître ces événements à travers des fresques qui relatent l’événement, en plus de transformer le “Café de France” de la rue Constantine, lieu où tomba le martyr Saâl Bouzid, en un petit musée dédié à ces massacres.

Il a également rappelé que “les académiciens et les chercheurs doivent faire ressortir les documents non dévoilés jusque-là et partir à la recherche de témoignages oraux, pour mettre en évidence ces événements, les transcrire et en parler dans les amphithéâtres des universités, dans les médias et autres”.

Pour sa part, le professeur Sofiane Loucif du département d’histoire de l’université Mohamed Lamine Debaghine (Sétif -2) a souligné que les massacres du 8 mai 1945 ont eu un grand écho sur le plan médiatique, mais la recherche académique jusqu’à aujourd’hui demeure “insuffisante car les archives en France étaient inaccessibles pendant très longtemps”.

Pr Loucif a également relevé que les témoignages de prisonniers, de témoins oculaires et de personnes torturées lors de ces massacres “sont peu nombreux et se limitent à des initiatives individuelles”, notant qu’en accédant aux archives, on peut aboutir à des documents plus fournis en matière de recherches historiques.

L’universitaire a aussi appelé à “la nécessité d’encourager les chercheurs,  constituer des équipes de recherche spécialisées dans l’étude de ces massacres, à créer un centre de recherche spécialisé dans les crimes du colonialisme français et faciliter l’accès des chercheurs aux centres d’archives français”.

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